Poème paru dans le numéro 116 de la revue Sabord
Avant l’aube
l’image est simple : une femme en feu devenant flamme par la bouche sur une place au centre du monde
la femme se tient droite prend feu sans personne pour s’en apercevoir
nous détournons le regard
la femme est un arbre un grand V migrateur ses rêves montent en cendres
les vagues viennent vers la femme au milieu du monde
elles attisent le feu tiennent en équilibre le fil ce qui reste dans tout effondrement une danse s’entame
les autres femmes urinent dans la nuit elles éteignent le feu sous l’ordre des aigles
j’avoue j’ai marché sifflant les corneilles égorgeant les loups grimpant les montagnes dans le sens des pieds nus
j’avoue j’ai pris feu sous le même souvenir que toi quand ton corps engageait ton corps
j’avoue je suis femme j’occupe la place incendiée comme ces arbres morts étendus dans leur lumière
une femme prend feu avec l’aube
on met le feu sans penser aux courbes des corps foisonnants ces mains courageuses ces ouvrages d’avenir
une femme en feu deux femmes tiennent ses bras trois femmes la dessinent quatre femmes s’étendent dans ses pleurs cinq femmes boivent son sang
à quel point souffrons-nous en déclamant son nom dans nos nuits
si je vivais seule dans une pièce éclairée par des faisceaux fantômes je vivrais nue
vous pourriez me lire comme un livre
les pages s’arrachent d’elles-mêmes ce n’est pas grave la tête est un puits
je saisis sa main nous nous regardons comme des oiseaux sa main elle s’effrite dans ma paume une autre se pend à mon cou à ma cheville à mes lèvres
voilà mes sœurs
nous ne sommes pas que des histoires
nous sommes des lionnes des personnages mythiques nous évoluons sous les draps sombres
sur une feuille
j’installe la ligne d’horizon je note tes traits trace ce territoire où tu vivras désormais le lieu des histoires à raconter à des milles de nos peaux
j’agrafe aux arbres ton sourire de petite fille dépose des pierres j’érige une demeure aux allures de cathédrale
les risques sont pris les rêves ressuscitent le désir se taille dans le marbre
tout est dit au moment de voir poindre les nouvelles lueurs
Avant l’aube
l’image est simple : une femme en feu devenant flamme par la bouche sur une place au centre du monde
la femme se tient droite prend feu sans personne pour s’en apercevoir
nous détournons le regard
la femme est un arbre un grand V migrateur ses rêves montent en cendres
les vagues viennent vers la femme au milieu du monde
elles attisent le feu tiennent en équilibre le fil ce qui reste dans tout effondrement une danse s’entame
les autres femmes urinent dans la nuit elles éteignent le feu sous l’ordre des aigles
j’avoue j’ai marché sifflant les corneilles égorgeant les loups grimpant les montagnes dans le sens des pieds nus
j’avoue j’ai pris feu sous le même souvenir que toi quand ton corps engageait ton corps
j’avoue je suis femme j’occupe la place incendiée comme ces arbres morts étendus dans leur lumière
une femme prend feu avec l’aube
on met le feu sans penser aux courbes des corps foisonnants ces mains courageuses ces ouvrages d’avenir
une femme en feu deux femmes tiennent ses bras trois femmes la dessinent quatre femmes s’étendent dans ses pleurs cinq femmes boivent son sang
à quel point souffrons-nous en déclamant son nom dans nos nuits
si je vivais seule dans une pièce éclairée par des faisceaux fantômes je vivrais nue
vous pourriez me lire comme un livre
les pages s’arrachent d’elles-mêmes ce n’est pas grave la tête est un puits
je saisis sa main nous nous regardons comme des oiseaux sa main elle s’effrite dans ma paume une autre se pend à mon cou à ma cheville à mes lèvres
voilà mes sœurs
nous ne sommes pas que des histoires
nous sommes des lionnes des personnages mythiques nous évoluons sous les draps sombres
sur une feuille
j’installe la ligne d’horizon je note tes traits trace ce territoire où tu vivras désormais le lieu des histoires à raconter à des milles de nos peaux
j’agrafe aux arbres ton sourire de petite fille dépose des pierres j’érige une demeure aux allures de cathédrale
les risques sont pris les rêves ressuscitent le désir se taille dans le marbre
tout est dit au moment de voir poindre les nouvelles lueurs