Avec Territoires contours, je ne questionne pas. Assoiffée de poésie, je désire lier mes images à vos mots, vos phrases lorsque vous entrez en relation, pour la toute première fois avec les œuvres.
Tu ressens de quoi, tu apprends de quoi sur toi, sur le monde qui vibre autour de toi, glisses-m’en un mot, un vers sans le laisser crever au fond de ta tête. Partage sans peur. Sans obligation. Sans ressentir le poids des regards.
Tes mots rendront l’œuvre, l’exposition mouvante, vivante, pleine des Autres. Ces perles qui nous nourrissent, nous assèchent et donne sens à nos vies.
Je suis quelque chose, comme un territoire et ses contours. Une personne parmi d’autres. Respirante. Exténuée. Brillante. Déchirée. Bruyante. Mouvante. En appartenance à des mondes qui ne se calculent pas en seconde, en terme de <<j’aime>>, en rires gras. Je suis chacune de mes rencontres. Une boussole qui perd le Nord. À façonner, à refaçonner. À force de retour en arrière aux airs d’avancement. Et je rêve, nuit et jour, éclaboussée de vies nouvelles, d’idées, de sensations, de sourires sentis.
Je tu il elle nous vous ils elles
Des coupes cassées au sol mobile
Des allumettes craquées
Des funambules les bouches pleines d’étoiles
Nous les conservons comme des émeraudes, des blessures entrouvertes
Nous flirtons, le vent, les gens, se frôlant On se côtoie, se désire, s’embrase
Pleine résonnance Des corps, des âmes Tête contre tête Chaire contre chaire
Des fois le cœur bat, joueur de mélodies ininterrompues Cœur obus cœur rêveur cœur éperdument perdu Cœur pendu aux ciels d’automne, champ de blé, bruine cristalline
Vie de petites éternités
<<Ces êtres de dialogue, de partage et de mouvance que nous sommes, vivent de la magie des rencontres, meurent de leur absence. Chaque rencontre nous réinvente illico – que ce soit celle d’un paysage, d’un objet d’art, d’un arbre, d’un chat ou d’un enfant, d’un ami ou d’un inconnu. Un être neuf surgit alors de moi et laisse derrière lui celui qu’un instant plus tôt je croyais être. La rencontre fait résonner en moi des modes et des tons que je n’avais pas perçus jusqu’alors. C’est par la rencontre que dans cet amas diffus, cette nébuleuse que par commodité j’appelle à moi, s’éclairent et se regroupent les constellations. >>
Christiane Singer