Je l’ai lu. Je l’ai entendu. Dans les derniers mois (filants comme des étoiles). Cette nécessité de reformuler son regard sur l’environnement immédiat. Ce regard sur le quotidien, les lieux de vie, l’environnement immédiat est déjà au cœur de ma pensée et de ma pratique artistique (sous-jacente à tout ce qui est).
Hier soir, je créais des fanzines ou romans graphiques. De minuscules ouvrages à tirage unique, entièrement composés à la main, alliant mes amours : poésie et images, mes langages. Ce sont des poèmes mélangeant mon intime et l’époque.
S’est amené un moment où j’ai senti que je n’avais plus matière à dire. Mon esprit était, semblait-il vidé de substance. Je ne parvenais plus à créer du neuf. Je rebondissais sur le déjà fait, le déjà-vu. Redéfinissant encore et encore les mêmes images. Oui, ces images peuvent dire l’infini mises en dialogues en tous sens entre elles. Mais tout de même, je sentais une frontière, délimitée par un mur, s’étendre dans ma tête. Des oiseaux, des amoureux, des personnages. Des illustrations de mon histoire actuelle. Mais outrepassant ces images, je suis plus vaste que ça. Une fois que ces symboles deviennent miens pour parler de moi, je dois en chercher des nouveaux, parce que je change constamment. Le mouvement est irréversible et continu.
Et comment partir à la recherche de symboles neufs, ce n’est sûrement pas dans l’immobilité ou face devant une série télé. La première nous rend béton. Noyade. Le deuxième retire l’espace et l’accessibilité au néant, celui qui permet l’apparition des choses neuves. Du moins, des accouplements nouveaux. Ces mises en relation, ces liens, les ponts, la poésie entre les choses, les notes, les sons, les couleurs, les textures, ...
Remplir le puits créatif.
Explorer l’environnement.
Partir en aventurière, comme une enfant qui pense partir en voyage alors qu’elle a fait trois pas hors du nid. Alors tout dépend du regard, du jeu et des sensations (l’émotion n’est jamais loin).
Quand l’esprit s’ouvre à nouveau, la capacité à voir revient.
Voir, comme sentir, ressentir, percevoir, entendre, vouloir.
J’y reviens souvent, très souvent : Libérez votre créativité de Julia Cameron. Depuis 2014, une main tendue.
Dans ses conseils de base : le puits créatif.
Julia conseille de prendre rendez-vous avec son enfant artiste - cette jolie part naïve (dans le sens de l’émerveillement) en nous qui demande attention, regard et bienveillance. Ça semble abstrait. Mais ce n’est pas non plus quelque chose de complexe, en fait, il suffit de se permettre de jouer. De partir seul.e à seul.e avec soi et ses sens en éveil. Et de se laisser traîner par sa curiosité. Peu importe le lieu, suivre ses pas et jouer le jeu.
Aujourd’hui, j’ai besoin de remplir le puits. J’ai besoin d’images neuves. J’ai nécessité alors de réinventer le regard. Ma première idée, plonger la tête dans des livres remplis d’images de tableaux de grands maîtres. Encore, si je pouvais découper et coller et créer de grandes fresques de ces images mises en relation, sur un mur immense, ce serait le top. Je ne suis pas chez moi, je dois revoir mes désirs. Et déchirer et découper dans ces livres ... ne suis-je pas une enfant ? Pourquoi la raison ? Sortir dehors, allonger mon corps sur la pelouse, sous l’astre chaud pour respirer l’odeur de terre humide et me laisser caresser par le vent, lui seul peut encore m’approcher. Visiter les arbres, suivre les roucoulements des oiseaux. Explorer les lieux immédiats. Parce que je ne peux pas aller plus loin pour le moment.
Et si le monde entier se dévoilait dans un espace restreint ?
Simplement par cette capacité à voir.
À voir avec l’être entier.
Me munir d’un carnet et d’un crayon. Explorer. Croquer. Prendre note. Être détective. Chercher traces et objets de collection.
Comme lorsque la plage est accessible. Étendue de tout son long à mes pieds. Regorgeant de matières à création, à contemplation. Et cette musique des vagues et ces parfums des profondeurs.
Aujourd’hui, il y a le bleu du ciel, le soleil et tous ces arbres, ces fleurs, ces mouvements simultanés.
Revoir le monde tel qu’il est. C’est-à-dire à la fois dans sa globalité et dans son imperceptible, à percevoir.
Voir poindre la poésie. Oui, c’est un muscle. Il faut faire l’effort de voir. Mais c’est la manière de nourrir l’élan, de peupler l’imaginaire. Il faut bouger. Être humain en action, à la verticale pour se garder vivant, vif, curieux.
Mots clefs : curiosité, sens, émerveillement, puits créatifs, jeu, contemplation et matière.
*
Alors j’ai empoigné une paire de ciseaux et j’ai traversé la pelouse, suivie de près par Sofia le chat. J’ai cueilli un grand bouquet de marguerites et dégusté une fraise. Dans un grand vase turquoise j’ai fait couler de l’eau froide avant d’y plonger les tiges des fleurs. J’ai placé le bouquet sur le buffet dans la salle à manger. Je remarque le parfum aigre des fleurs. Mais leur beauté illumine le décor.
J’ai encerclé de mes bras et de mes mains le tronc d’un arbre. Pour sentir contre ma joue son écorce légèrement relevée et son parfum tanné, rappelant à ma mémoire l’odeur de mon amoureux que je ne peux respirer à ma guise.
J’ai regardé le vent bousculer les grandes feuilles vertes au sommet de l’arbre et je me suis dit qu’il n’y avait pas plus beau que ce vent, que je compare au sentiment amoureux. Cette légèreté, cette douceur, les caresses et la transparence.
C’est une journée de soleil et de vent frais de juillet. J’ai envie de dormir contre la brise. De rêver contre elle. De laisser ce sentiment amoureux m’habiter doucement, sans culpabilité, sans attente, sans emprise et sans cette nécessité de produire quelque chose, objet, geste, autre que respirer et vivre. Encore apprendre à vivre, encore tenter de respirer.
Hier soir, je créais des fanzines ou romans graphiques. De minuscules ouvrages à tirage unique, entièrement composés à la main, alliant mes amours : poésie et images, mes langages. Ce sont des poèmes mélangeant mon intime et l’époque.
S’est amené un moment où j’ai senti que je n’avais plus matière à dire. Mon esprit était, semblait-il vidé de substance. Je ne parvenais plus à créer du neuf. Je rebondissais sur le déjà fait, le déjà-vu. Redéfinissant encore et encore les mêmes images. Oui, ces images peuvent dire l’infini mises en dialogues en tous sens entre elles. Mais tout de même, je sentais une frontière, délimitée par un mur, s’étendre dans ma tête. Des oiseaux, des amoureux, des personnages. Des illustrations de mon histoire actuelle. Mais outrepassant ces images, je suis plus vaste que ça. Une fois que ces symboles deviennent miens pour parler de moi, je dois en chercher des nouveaux, parce que je change constamment. Le mouvement est irréversible et continu.
Et comment partir à la recherche de symboles neufs, ce n’est sûrement pas dans l’immobilité ou face devant une série télé. La première nous rend béton. Noyade. Le deuxième retire l’espace et l’accessibilité au néant, celui qui permet l’apparition des choses neuves. Du moins, des accouplements nouveaux. Ces mises en relation, ces liens, les ponts, la poésie entre les choses, les notes, les sons, les couleurs, les textures, ...
Remplir le puits créatif.
Explorer l’environnement.
Partir en aventurière, comme une enfant qui pense partir en voyage alors qu’elle a fait trois pas hors du nid. Alors tout dépend du regard, du jeu et des sensations (l’émotion n’est jamais loin).
Quand l’esprit s’ouvre à nouveau, la capacité à voir revient.
Voir, comme sentir, ressentir, percevoir, entendre, vouloir.
J’y reviens souvent, très souvent : Libérez votre créativité de Julia Cameron. Depuis 2014, une main tendue.
Dans ses conseils de base : le puits créatif.
Julia conseille de prendre rendez-vous avec son enfant artiste - cette jolie part naïve (dans le sens de l’émerveillement) en nous qui demande attention, regard et bienveillance. Ça semble abstrait. Mais ce n’est pas non plus quelque chose de complexe, en fait, il suffit de se permettre de jouer. De partir seul.e à seul.e avec soi et ses sens en éveil. Et de se laisser traîner par sa curiosité. Peu importe le lieu, suivre ses pas et jouer le jeu.
Aujourd’hui, j’ai besoin de remplir le puits. J’ai besoin d’images neuves. J’ai nécessité alors de réinventer le regard. Ma première idée, plonger la tête dans des livres remplis d’images de tableaux de grands maîtres. Encore, si je pouvais découper et coller et créer de grandes fresques de ces images mises en relation, sur un mur immense, ce serait le top. Je ne suis pas chez moi, je dois revoir mes désirs. Et déchirer et découper dans ces livres ... ne suis-je pas une enfant ? Pourquoi la raison ? Sortir dehors, allonger mon corps sur la pelouse, sous l’astre chaud pour respirer l’odeur de terre humide et me laisser caresser par le vent, lui seul peut encore m’approcher. Visiter les arbres, suivre les roucoulements des oiseaux. Explorer les lieux immédiats. Parce que je ne peux pas aller plus loin pour le moment.
Et si le monde entier se dévoilait dans un espace restreint ?
Simplement par cette capacité à voir.
À voir avec l’être entier.
Me munir d’un carnet et d’un crayon. Explorer. Croquer. Prendre note. Être détective. Chercher traces et objets de collection.
Comme lorsque la plage est accessible. Étendue de tout son long à mes pieds. Regorgeant de matières à création, à contemplation. Et cette musique des vagues et ces parfums des profondeurs.
Aujourd’hui, il y a le bleu du ciel, le soleil et tous ces arbres, ces fleurs, ces mouvements simultanés.
Revoir le monde tel qu’il est. C’est-à-dire à la fois dans sa globalité et dans son imperceptible, à percevoir.
Voir poindre la poésie. Oui, c’est un muscle. Il faut faire l’effort de voir. Mais c’est la manière de nourrir l’élan, de peupler l’imaginaire. Il faut bouger. Être humain en action, à la verticale pour se garder vivant, vif, curieux.
Mots clefs : curiosité, sens, émerveillement, puits créatifs, jeu, contemplation et matière.
*
Alors j’ai empoigné une paire de ciseaux et j’ai traversé la pelouse, suivie de près par Sofia le chat. J’ai cueilli un grand bouquet de marguerites et dégusté une fraise. Dans un grand vase turquoise j’ai fait couler de l’eau froide avant d’y plonger les tiges des fleurs. J’ai placé le bouquet sur le buffet dans la salle à manger. Je remarque le parfum aigre des fleurs. Mais leur beauté illumine le décor.
J’ai encerclé de mes bras et de mes mains le tronc d’un arbre. Pour sentir contre ma joue son écorce légèrement relevée et son parfum tanné, rappelant à ma mémoire l’odeur de mon amoureux que je ne peux respirer à ma guise.
J’ai regardé le vent bousculer les grandes feuilles vertes au sommet de l’arbre et je me suis dit qu’il n’y avait pas plus beau que ce vent, que je compare au sentiment amoureux. Cette légèreté, cette douceur, les caresses et la transparence.
C’est une journée de soleil et de vent frais de juillet. J’ai envie de dormir contre la brise. De rêver contre elle. De laisser ce sentiment amoureux m’habiter doucement, sans culpabilité, sans attente, sans emprise et sans cette nécessité de produire quelque chose, objet, geste, autre que respirer et vivre. Encore apprendre à vivre, encore tenter de respirer.